La folie des stages
Mon école de traduction a pas mal de défauts mais si je dois bien lui reconnaître une qualité c'est de nous forcer à bosser et faire des stages tous les étés. Oui c'est contraignant, on n'en a pas toujours envie mais mine de rien c'est utile. C'est une des choses que je regrettais à la fac, certains de mes amis sont arrivés en M1 sans avoir jamais bossé, je trouve ça carrément dommage.
Donc bref, depuis 3 ans mes étés sont un peu écourtés voire inexistants. Mais au moins j'ai trouvé des stages. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Je vous épargnerai mon agacement concernant les pistons parce que pendant mes recherches j'étais parfois à deux doigts de demander à mon père de me prendre dans le service traduction de sa banque. Et encore... en L3 j'ai déjà eu moins de mal à trouver. Cette année j'avais 3 mois devant moi ce qui a débloqué certaines pistes. Mais ça n'empêche pas que sur 70 CVs envoyés j'ai dû recevoir 15 réponses, les 3/4 étant négatives. Ça ne fait plus grand chose et au final je me suis retrouvée un peu contrainte et forcée d'accepter un stage qui ne me disait que moyennement. Ça fait pas mal réfléchir, on se sent un peu nul, l'égo en prend un coup et après on regarde autour de soi et on voit que tous ses amis sont dans la même galère. Alors ça rassure... un peu. Je pense que c'est un peu pareil pour tout le monde mais dans le secteur de la traduction c'est encore pire. Avec la crise (la fameuse!) c'est souvent les premiers services supprimés parce qu'on les juge moins importants. Oui aujourd'hui dès qu'on parle 3 mots d'anglais on se croit traducteur. Mais ça c'est une autre histoire... La cible de cet article reste les stages pas les gens qui critiquent ma future profession...
Venons en maintenant au coeur du problème. La recherche de stage est déjà compliquée mais en plus beaucoup d'entreprises abusent totalement du système. Cet été j'ai donc effectué un stage de 3 mois dans une petite agence de traduction à Paris (dont je ne citerai pas le nom). L'entretien s'était bien passé, la gérante et la chef de projet semblaient plutôt sympas. Seul hic, ça se passait dans l'appart de la gérante. Ca me plaisait moyen mais bon j'allais faire de la traduction donc c'était le principal.
Résultat : j'ai effectué une seule pauvre traduction en 3 mois. J'ai vu la gérante pour la 1ère fois au bout d'un mois parce qu'elle était en voyage "professionnel". Elle avait eu bien le temps de peaufiner son bronzage. J'ai dû la voir en tout et pour tout 1 mois et demi sur mes 3 mois. Et quand elle était là elle ne se levait pas avant 11h et demandait si on avait bien répondu et vu tous nos mails alors que c'était fait depuis 3h. Elle ne connaissait quasiment rien à sa propre boite. On lui demandait parfois des conseils concernant certains clients et traducteurs, elle n'en connaissait pas la moitié... Je dois avouer que c'était parfois très dur d'accepter des remarques de sa part sachant qu'elle ne faisait... rien. Nous étions 4 stagiaires pour 2, voire 1 seul chef de projet en août et nous faisions le boulot d'un employé permanent. Et en étant payé 436,05 euros par mois. Notre travail consistait en des relectures et des tâches administratives. Je ne dis pas que c'était totalement inintéressant mais coller des timbres sur 150 enveloppes et écrire des adresses pendant une après-midi entière, ça l'est un peu quand même. J'étais la seule qui faisait de l'allemand dans la boite donc si je n'étais pas là personne ne pouvait corriger les fautes. Je trouve ça vraiment grave. C'est clairement gagner du fric sur le dos des stagiaires. Parce que le pire c'est qu'on n'avait pas le droit à l'erreur. Pour moi un stage c'est avant tout apprendre. Des relectures je n'en avais jamais fait de ma vie, j'ai aimé en faire mais je ne suis pas relectrice professionnelle. Donc se faire engueuler parce qu'on a oublié des fautes sur un texte en allemand de 50 pages, ça me révolte. Je ne suis pas bilingue loin de là. Un traducteur traduit vers sa langue maternelle. Et à côté de cela, je n'ai pas traduit. Grosse grosse frustration. Mon mois d'août je l'ai passé à faire des grilles tarifaires sur Excel parce qu'il n'y avait quasiment pas de boulot. J'ai réussi à avoir 2 pauvres jours de congé alors qu'on nous en devait au moins 7. Et je ne m'étalerai pas sur les sautes d'humeur de la gérante et de la chef de projet. Je ne suis pas grande gueule, en général je suis calme. Mais s'il y a bien un truc que je ne supporte pas c'est l'injustice. Et plusieurs fois j'ai craqué, j'ai répondu. Je n'en suis pas fière, ce n'était pas très pro, mais trop c'est trop.
Donc voilà. Je sais que toutes les entreprises ne sont pas comme ça. Heureusement. Mais quand j'écoute les histoires de mes camarades, je vois que ce n'est pas beaucoup mieux. La plupart ont été déçus. Et encore j'ai de la chance, j'ai été payée ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Beaucoup d'entreprises exploitent les étudiants et j'ai vraiment peur d'enchainer les stages après mon diplôme et galérer à trouver un boulot. C'est le cas de pas mal de personnes autour de moi, même en sortant de grandes écoles. Très sincèrement je rêverais que l'agence où j'ai travaillé se fasse contrôler. D'ailleurs elle est backlistée dans mon école à présent. J'ai été rassurée d'apprendre que je n'étais pas la seule à avoir eu des soucis. C'est une moindre consolation et au moins ça évitera à d'autres de se faire exploiter.
Après ce petit coup de gueule je m'en vais terminer mon rapport de stage (une autre aberration).
Bloguement vôtre,
Mllejenesaispas
PS: pardonnez-moi pour les éventuelles fautes d'orthographe. En général je n'en fait jamais mais j'ai remarqué que dernièrement j'en faisais partout, j'ai un peu honte. La fatigue probablement.